La surdité… c’est comme parler en anglais ?
Écrit par Laura Abdulnour,
Audiologiste
Les francophones qui se débrouillent assez bien en anglais le savent : avoir une discussion en anglais ça demande plus de concentration. Même si on connait tous les mots, il y en a toujours quelques-uns qui nous échappent. C’est aussi très variable : on peut tout saisir d’une conversation sur un sujet qui nous passionne et se sentir comme un parfait bilingue. Puis le lendemain, fatigué d’une longue journée, on peut manquer la moitié des dialogues d’un film en anglais.
Pourquoi parlons-nous de tout ça dans un blogue sur l’audition ? C’est la même chose pour une personne malentendante, mais dans sa langue maternelle !
Une personne qui n’entend pas bien perçoit les sons de la parole de façon moins précise, c’est un peu comme si elle « entendait flou ». Pour compenser, ces personnes doivent être très attentives à ce qu’on leur dit. Malgré cette concentration supplémentaire, il y a presque toujours des mots qu’ils n’arrivent pas à comprendre, même si ce sont des mots qu’ils connaissent bien.
Heureusement, dans les contextes familiers, avec des personnes que l’on connait bien et en parlant de sujets quotidiens, la conversation est facile à comprendre malgré tout. Par contre, dans une conversation plus complexe, comme en grand groupe, on peut passer à côté de grandes parties de la conversation.
Cela explique pourquoi une personne ayant une surdité peut sembler avoir une audition qui fluctue, car ses difficultés changent d’un contexte à l’autre.
Qu’en est-il est des personnes malentendantes qui parlent dans leur deuxième langue ?
La combinaison de la déficience auditive et de la moins bonne connaissance d’une langue peut accentuer les difficultés d’écoute. Pour bien comprendre le phénomène, allons voir du côté du cerveau.
Le rôle du cerveau est d’analyser l’information qui vient des oreilles pour comprendre les phrases. Pour ce faire, il utilise son expérience pour reconnaître et au besoin deviner les mots mal compris selon la phrase et le sujet de conversation. Après des années de pratique à faire ce travail dans sa langue maternelle, le cerveau est devenu très efficace. Quand on lui présente des mots et des types de phrases auxquels il est moins habitué, comme c’est le cas dans une autre langue, le cerveau fait ce travail de compensation de façon moins efficace et a donc davantage besoin de bien comprendre tous les mots individuellement.
C’est pourquoi une personne ayant une perte auditive fait plus répéter quand il est en voyage aux États-Unis que lorsqu’il est chez lui.
Heureusement, il y a des solutions ! De la même façon qu’on peut améliorer sa compréhension de l’anglais en suivant des cours, on peut améliorer sa compréhension quand on est malentendant en portant des appareils auditifs et en utilisant des stratégies pour mieux entendre.
Vous pensez avoir une perte auditive? Vous pouvez prendre rendez-vous dès maintenant dans une de nos cliniques ODYO.